Les plantes de décembre
Entrée ouest de Sainte-Luce, le Bois-Briand. Un arbre magnifique s’impose par sa stature et sa teinte, le Cyprès chauve.
Cette espèce provient de zones humides de l’est des Etats-Unis, telles les Everglades de Floride. Le paysage ci-dessus n’a pourtant pas l’air très détrempé… Et cependant il l’est : à droite des arbres, dissimulé par la végétation, coule le ruisseau du Seil, qui marque la « frontière » entre Nantes et Ste Luce. Il est à craindre d’ailleurs que notre Cyprès ne soit sur la rive nantaise !
Les feuilles, étroites (1 mm), sont insérées sur des rameaux courts et pendants qui se comportent comme des feuilles composées et tombent en bloc en automne.
Si l’on s’attarde dans le fouillis végétal au pied des arbres, on tombe forcément sur d’étranges appendices, émis par les racines, et qui croissent vers le haut, les pneumatophores. Ils apportent de l’oxygène aux racines dans les lieux inondés.
La vigoureuse liane Clématite vigne-blanche attire irrésistiblement le regard par ses nombreuses masses cotonneuses blanches qui apparaissent dans les haies en début d’hiver.
En effet, le fruit de la Clématite (chacun des petits grains noirâtres au centre) est prolongé d’une longue soie plumeuse. Comme ces fruits sont très nombreux et semblent converger en un point, on a l’illusion d’une boule cotonneuse.
Cette plante était appelée autrefois « l’herbe aux gueux » car on racontait que les mendiants se frottaient la peau avec ses feuilles, très irritantes, pour paraître encore plus pitoyables quand ils faisaient la manche ! |
Le Fragon ou Fragonnette est une plante buissonnante, coriace, dont les baies rouges sont attractives en cette période de fin d’année. Mais, surprise, elles semblent se développer au centre des feuilles, ce qui ne se fait pas ! Chaque « feuille » piquante est en réalité un rameau aplati terminé par une épine dure.
Autre épineux à baies rouges, utilisé en décoration des fêtes de fin d’année, le Houx. Comme le Fragon, c’est une espèce dont il existe des pieds femelles et des pieds mâles. Ce sont bien sûr les sujets femelles qui portent les baies.
Certains arbres, particulièrement des peupliers, complètement effeuillés, montrent cependant des touffes plus ou moins drues, sphériques et vertes… Ce sont bien sûr des boules de Gui.
C’est un végétal qui n’a pas une très bonne réputation : il vit en parasite aux dépens du peuplier, du pommier plus rarement du chêne. Le plus récalcitrant des feuillus est le hêtre : on ne connaît pas de hêtre à gui en France.
Toujours est-il que le Gui est incapable de subvenir seul à ses besoins en eau et minéraux, et qu’il puise la précieuse ressource dans les vaisseaux des arbres qui l’ont extraite de la terre par leurs racines.
Pour sa défense, le Gui pourrait objecter qu’il y a pires parasites que lui, des plantes sans chlorophylle, comme la Lathrée clandestine (cf. n° d’avril) qui puise dans le végétal hôte non seulement l’eau et les minéraux mais aussi des sucres et autres substances organiques élaborés grâce à la photosynthèse…
Vu de plus près (grâce à la chute d’une branche porteuse !), on voit les tiges qui sont régulièrement bifurquées, les feuilles spatulées et les baies blanches translucides.
Attention ! Ces baies remplies d’une gelée visqueuse sont très toxiques, sauf pour certains oiseaux : la Fauvette à tête noire et la Grive draine. Mais, tandis que la première nommée passe un temps fou à décortiquer une baie pour en extraire la graine, la seconde, du fait de sa grande taille, avale plusieurs baies l’une après l’autre. Ses sucs digestifs sont assez puissants pour venir à bout des enveloppes de la baie mais pas de la gelée. La Grive rejette des chapelets de graines reliées par des filaments visqueux qui se prennent dans les rameaux des arbres et ont toutes les chances de germer. La Grive draine est un agent zélé et efficace de dissémination du Gui !
Remarquer les bifurcations du rameau sur la photo de gauche, et les restes de la fleur sur celle de droite : les quatre cicatrices des pétales et celle, arrondie au centre, du pistil de la fleur femelle.
Arrivé à ce stade, il ne reste plus qu’à prononcer la formule rituelle :
Au gui l’an neuf !
Bonne année 2022 à toutes et à tous